Plus ancien que le 906 de l’article précédent, ce moulinet est pourtant lui aussi équipé du système Planamatic et sa qualité de fabrication est aussi remarquable que le 906, mais les engrenages et le bâti ne sont pas tout à fait les mêmes comme nous allons le voir.
Le 302 SW (pour Salt water) était un moulinet destiné avant tout au surf casting, ce qui implique une bobine large a grande contenance et des composants pouvant résister longtemps à l’eau de mer. D’un poids de 565g, sa principale caractéristique est d’avoir un pied démesurément long, 99mm pour être précis, presque 10cm -par comparaison, la plupart des moulinets ont un pied compris entre 6 et 7cm- ce qui lui a valu le surnom de Big Foot !
Entièrement en aluminium peint et en acier inox, c’est du solide comme savait faire Mitchell à cette époque.
La bobine d’un diamètre de 72mm est assez complexe. Pas de bouton de changement instantané comme sur d’autres modèles mais un bouton « imperdable » fixé par une vis. Il faut donc la retirer pour accéder à la pile de frein.
Celle-ci est composée de 8 rondelles de cuivre et deux bagues en acier ainsi que d’un ressort assez puissant au sommet. On voit sur la photo au-dessus qu’un « plan » du montage a été collé sur une étiquette pour permettre au pêcheur de s’y retrouver!
La bobine rentrante repose sur une platine qui se visse sur l’axe principal. A sa base, sur laquelle repose la bobine, on trouve une dernière rondelle en matériau composite.
La force de ce frein n’est pas négligeable, j’ai atteint et dépassé les 7kg de puissance, mais si la progressivité est bonne jusqu’à 5kg, cela devient beaucoup plus chaotique par la suite avec de nombreux points durs qui peuvent aller jusqu’au blocage total de la bobine. Il est sûr que le choix du cuivre n’est peut-être pas des plus indiqué, bien qu’il résiste assez bien à l’oxydation, disons que des rondelles en feutre auraient procurées davantage de progressivité et de douceur…
Le bol est équilibré par une masselotte moins massive que celle du 907, du coup le tangage est assez marqué mais comme ce moulinet servait surtout aux pêche au posé, ce n’est pas très gênant.
L’arceau de pick-up est en acier inox, ainsi que le bras, le ressort et la visserie. Une butée en plastique a été ajoutée pour adoucir le choc à la fermeture (flèche rouge).
Le galet est en laiton chromé dur et bien sûr il ne tourne plus, mais il est en bon état, ce moulinet a sans doute peu servi.
A noter que le mécanisme de déclenchement est une pièce à part qui vient sous le bol autour du collier et qui est maintenue par une des vis du carter droit.
L’écrou de fixation du bol se visse sur le pignon. Juste avant celui-ci on trouve un roulement à cage « moderne », ouvert malheureusement, mais qui remplit correctement son rôle. Il tourne toujours, bien qu’un peu grippé. C’est en tout cas plus pratique au démontage que les billes en liberté uniquement maintenues sur le chemin de roulement lorsque le pignon est assemblé !
Le carter droit une fois ouvert donne accès au train d’engrenage. On note la vis rouge qui faisait office de port de maintenance pour introduire huile ou graisse sans avoir à démonter le carter.
Ce train d’engrenage diffère de celui du 906 par la denture droite du pignon et de la couronne (roue de commande), bien qu’on reste sur un engrenage conique. C’est donc un peu plus raide quand on mouline et surtout plus bruyant ! Cela reste extrêmement solide, surtout que la coulisse est en zinc et pas en nylon, et que l’axe est maintenu à l’arrière par une seconde coulisse.
Pour sortir l’axe, il faut déjà démonter cette coulisse arrière puis démonter le pignon (lui-même maintenu fixe par le roulement à cage fixé par 2 vis pointeau qui traversent le collier !).
La coulisse est maintenue par 2 circlip le long de l’axe en bronze de 6,5mm de diamètre. C’est du costaud !
Le pignon est en laiton chromé, il aurait pu être en laiton brut, je pense que ça n’aurait pas diminué sa solidité.
Une fois tout cela enlevé, on aperçoit la couronne et son engrenage Planamatic. Il faut alors retirer le carter gauche pour sortir la couronne.
La couronne est en aluminium usiné avec un axe en acier inox. Au verso les dents de la crémaillère de l’anti-retour.
Ici, le système Planamatic est légèrement différent du 906, la pièce externe est maintenue fixe grâce à deux ergots qui viennent se loger dans le bâti sans appui supplémentaire. C’est peut-être un peu moins solide que sur le 906 mais c’est élégant.
On voit aussi que le bâti du 302 est finalement « monobloc » et je trouve ça plutôt bien pensé, même si ça oblige à concevoir deux carter démontables au lieu d’un, ça me fait penser au Tica Stunna… C’est en tout cas un gage de solidité supplémentaire.
Le carter côté verso, avec le ressort et le cliquet de la crémaillère.
Le système en lui-même est identique au 906, la couronne porte un axe excentré sur lequel vient se loger un engrenage entraîné par la pièce externe :
La fonction de ce Planamatic reste la même : obtenir un enroulement plus lent et parallèle du fil. Ici la configuration est plus conique (inversée) que sur le 906 mais le résultat toujours aussi satisfaisant :
Les premiers mètres de tresse que j’ai enroulés ensuite montrent la disposition parallèle en faisceau du fil :
Et une fois rempli de tresse, je pense que le 302 aurait pu s’en tirer honorablement, surtout avec cette disposition conique :
Détail amusant : lorsque j’ai voulu monter ce moulinet sur une de mes cannes aucunes n’avaient de porte-moulinets assez longs pour accueillir ce pied gigantesque, j’ai dû bricoler à l’ancienne, avec un vieux bout de chambre à air pour finalement le nouer sur un manche à balais !
!!!!
La manivelle est classique, entièrement démontable.
Le 302 SW a commencé à être produit vers 1955 et les derniers exemplaires ont été vendus début 1980. Big Foot a eu une longue carrière ! Sa solidité et sa résistance au sel en faisait un moulinet fiable et il devait sûrement lancer très loin grâce à sa bobine et aux engrenages Planamatic. Véritable treuil, son frein assez puissant et la robustesse de ses engrenages permettait de pêcher facilement n’importe quel poisson en surf casting, il pourrait encore être utilisé de nos jours, à condition de trouver une canne qui l’accepte ! Une bien belle mécanique qu’on est pas près de revoir en France d’ici longtemps…
Texte et photos : Jean-Paul Charles
Encore un bien joli moulinet, et un usinage de qualité. Pour souvenir de mon 350, je n’appréciais pas trop la façon dont se repliait la poignée. Mais elle était, comme le moulinet, indestructible
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Ton 350 s’est vendu à 594626 exemplaires, selon le bouquin de Caminade, pas mal, mais le 302 s’est vendu à 1 221 252 exemplaires! C’est un modèle qui a bien marché, mais rien à voir avec le 300 qui lui, à pulvérisé le record mondial (je crois) avec 13 394 576 exemplaires!! A méditer…
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Bel article Jean Paul 😉 Ces moulinets vendus à l’époque pour être résistants à la corrosion devaient tout de même être rincés à l’eau douce une fois la partie de pêche finie. A cause de cette réputation « d’indestructible » , ils étaient oubliés une fois rentré au bercail et le sel remplissait son office. C’est ainsi que non vraiment étanche on retrouve des points d’oxydation à l’intérieur et la manivelle est souvent retrouvée bloquée. Le bras dans son moyeu et sa vis de serrage également. La bobine peinte est la
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Tu sais, les Stella et Saltiga livrés à eux-même n’ont pas une grande durée de vie non plus… L’entretien des moulinets en mer est indispensable, quelque soit la qualité de fabrication, le sel ne pardonne pas!
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Oups ! le message est parti suite à un « glissement » de mon doigt. Je voulais dire que la bobine peinte est la première à en souffrir.
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C’était une bobine rentrante, donc le sel s’accumulait dans le bol, c’est bien pour ça qu’on a inventé la bobine enveloppante, CQFD 😉 !
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Le sel n’agissait pas seulement sur la partie « rentrante ». La flasque supérieure, dessus comme côté fil, était très vulnérable ! Il faudrait que je retrouve sa bobine et que je t’en fasse un ou deux clichés ! CQFD aussi ! 😉
Je pense du à la qualité de la peinture, très fine genre aérosol, pas de trace de sous couche !!?…
Y aurai t’il eu un sous-traitant !??
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Ben oui, la peinture c’est moins bien que l’anodisation, sauf si elle est « cuite » au four! Je suis preneur de la tof d’origine, histoire de voir comment ça a mal vieillit 🙂 !
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Salut,
C’est un moulinet qui aurait pu être fabriqué par Fichet ou AMX ! c’est incroyable l’impression de solidité qui se dégage de ce moulin, rien qu’en photos. Avec nos références actuelles, on se dit que cette solidité se fait au détriment d’autres qualités essentielles : légèreté et fluidité. Mais à l’époque, cet argument devait faire mouche et la fluidité ne devait pas être plus mauvaise que celle de la concurrence. En tous cas, c’est un bel objet et c’est un plaisir de lire cet article.
Kenavo !
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Pour la fluidité on est loin des standards actuels, mais niveau solidité c’était top, surtout pour un modèle fabriqué en grande série pour un prix abordable.
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Merci pour ce reportage j’adore ce moulinet que d’ailleurs je collectionne en 302,303,402 et 403 tout ce que je trouve je les achète
Merci
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Bonjour, j’ai le 302 de mon pere . J’allais à la peche avec lui debut des années 60. La bobine est tres oxydée et le flasque avant s’est desolidarisé du reste. Savez vous si il est possible d’ en trouver a la vente ?
Bonne journée a tous
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Hélas les pièces ne se trouvent plus… La bobine du 302 était extrêmement sensible à la corrosion…. La seule solution est d’en trouver un sur une brocante ou ailleurs, même à l’état d’épave, et de récupérer la bobine.
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Bonjour Jean-Paul pourrais-tu me dire à combien d,exemplaire sont sortis le 302 303 402 et 403 merci beaucoup david
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Bonjour David,
D’après le bouquin de B.Caminade, les chiffres sont les suivants (mais peuvent varier en fonction des modèles, il y a plusieurs 302 par exemple…):
302: 1953/1976. 1 221 252 exemplaires
303: 1954/1976. 187 302 exemplaires
402: 1963/1977. 191 813 exemplaires
403: 1963/1974. 29 489 exemplaires
On peut affiner si tu me dis quels modèles précisément 😉 !
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Bonjour Daniel je collectionne les 302/303/402/403 j,ai donc plein de bobines si tu est toujours intéressé
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Bonsoir,
Je ne rentrerai que fin septembre a mon domicile
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David : je prendrai contact dés mon retour.
( desolé pour le doublon)
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Bonjour Jean-Paul peux tu me parler des différents 302 qui sont sortis ? Merci à toi
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Il y a eu 3 versions:
302 AP (anse de panier) SW (celui de l’article)
302 PM (pick-up manuel)
302 N (identique au 386 mais destiné au marché Américain)
Pour info, Mitchell a produit plus de 20 millions de moulinets entre les années 50 et 70!
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Merci pour tes réponses je cherche que les 302,et non le 302N amicalement
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David : voici mes coordonnées . Je te joindrai par messagerie dés que je puis disposer d’un point wifi correcte
Cordialement
Daniel. M.
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Desolé, j’ai oublié l’ adresse mail , la voici : madajejo@wanadoo.fr
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Ok Daniel la mienne dm6829@sfr.fr
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Daniel j’ai une bobine complète pour 302 cordialement
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David : je vous ai envoyé un message a partir d’ une autre adresse mail .( la mienne etant consideres comme emmetant des spams ….Messagerie Orange ? )
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Bonsoir Jean-Charles!! j’ai une question: il y a sous le bol du 302 la mention: US patent; donc: licence americaine! Or, il y a la même mention sous le bol de mon 358! comment cela se fait il?? pour info: je viens de rentrer un lot de deux 350! 1 est très bon; l’autre sera pour pièces, en effet l’axe de la roue de commande est desserti et il y a un jeu important en latéral. Enfin j’ai pu récupérer les rondelles de calage et « réajuster » le jeu au bol du « bon » 350!! je vais l’essayer ce WE au lac de Balcère (Les Angles, Font-Romeu)
J’ai également remarqué que les versions surmultipliées des Mitchell » noirs » se distinguaient pas une poignée de manivelle verte et non noire……( 350,314,358)
Pour info: tu avais raison pour les Bretton 500: fragiles, à l’usage c’est de la daube…..beaucoup de disfonctionnements et d’ennuis, le mien a été cassé par un brochet au leurre…..pas de brochet et moulin mort!! dents d’engrenages arrachées! en fait je cherchait les perches……mais messire Grandgousier a aimé mon Shad…..
Amicalement
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Si il y a marqué US Patent c’est qu’ils étaient destinés au marché Américain. C’est la Société Garcia qui le faisait, comme pour Abu, d’où la mention Mitchell-Garcia sur certains moulinets.
Le Bretton 500 était un beau boulot d’ingénieur, mais il était malheureusement trop complexe et comportait beaucoup de pièces en plastique. Au bord de l’eau ça marchait moyen… comme tu as pu le constater 😉 !
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